Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnet de voyage d'une joueuse de Go belge en Chine
Carnet de voyage d'une joueuse de Go belge en Chine
Publicité
Derniers commentaires
25 juillet 2007

à ma prof de religion ='(

Le soir se taillait en douce dans le vieux square silencieux où ne traînaient plus que quelques amoureux, quelques vieux qui baladaient leur chien, et un accordéoniste essoufflé.

Au loin, on entendit, comme un vague chant d'oiseau dans la forêt de buildings, une sirène d'ambulance...

Un groupe d'amis passait par là. Des mâles de vingt à quarante ans, et une dame parmi eux, une grande dame mince, peau bronzée, sans âge.

Robe rouge coquelicot.

Longs cheveux châtain clairs, rangés en lisse jusqu'à sa taille, longues jambes et talons hauts.

Petits seins, sourire serein.

Grands yeux verts.

Ils s'arrêtent au bord de la pelouse, l'un tenait une boîte noire qu'il pose sur le gazon, l'autre, une guitare.

L'accordéoniste assis sur un banc proche se lève pour s'éloigner, aussitôt trois mains le retiennent – le saxophone est sorti, la dame déchausse ses talons hauts.

Tout commence dans l'agonie d'un soir d'été.

C'est le vieux saxophone qui gémit en premier.

La dame se tient là, accroupie dans le gazon bien tondu, les yeux fixés dans le gros œil du chêne feuillu qui domine le parc.

Soudain les notes dégringolent et la dame s'éveille. La guitare s'accroche au saxophone; l'accordéon y joint sa plainte, la dame danse car mille diables hantent son corps; son bras se lève, elle cueille une étoile; son corps tombe en arrière comme une tige de roseau, ses cheveux balaient le sol, et suffocante de tendresse elle cache l'étoile sous l'herbe maigre, puis tourne tourne, affolée, toupie de bois. Le saxophone l'appelle; elle caresse le ciel de ses longs doigts noueux, lentement, ses hanches tournent, ses cheveux dérangés collent à sa peau moite, l'accordéon se tait.

Une trille, une arpège de blues. Les démons l'ont reprise.

La robe danse bien plus légère qu'un coquelicot ne l'oserait. C'est une algue que mille courants appellent, qui s'effraie sans raison, qui déchire les bleus du ciel.

Et puis le saxophone s'apaise, l'accordéon s'est tu. Dernier accord de guitare. Au loin on entend chanter avec un peu d'indifférence une sirène d'ambulance.

Les hommes remballent leurs instruments, la dame remet ses talons, ils repartent en silence – seuls demeurent le vieil accordéon et le vieux chêne feuillu, qui de son grand œil noir domine la nuit.

poppy

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité