Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnet de voyage d'une joueuse de Go belge en Chine
Carnet de voyage d'une joueuse de Go belge en Chine
Publicité
Derniers commentaires
18 août 2009

Shanghai, le 16 août

Ce matin, j'ai été réveillée à 6h30 par le guide qui m'a demandé de descendre. Trente secondes plus tard, j'étais en bas, et il m'a dit que je pouvais retourner me coucher. J'aurais bien eu envie de dormir jusque midi, mais j'étais trop nerveuse à l'idée de me balader seule dans Shanghai donc j'ai fini par me lever pour mettre fin à ce bête état d'attente. Petit déjeûner : j'ai avalé un ravioli, deux tasses de thé et un jus d'orange. Impossible de me mettre quoi que ce soit de solide dans le ventre. Tout ce qui tombe dans mon assiette me répugne. Alors je sors, je prends un taxi et je vais à Nanjing Lu. Un proverbe chinois dit ceci de Nanjing Lu : les dames préparent leurs yeux, les hommes prépartent leurs portefeuilles. Mais comme mon homme dort à l'autre bout du monde, moi je me balade longtemps, sans trouver ce que je veux. Je cherche un dictionnaire électronique. Je regarde partout autour de moi, j'essaie de lire les caractères, je m'excuse en chinois lorsqu'on me bouscule. Au bout de deux heures, je me rends compte que je trouverai peut-être des dictionnaires à la librairie, mais il est déjà temps de rentrer à l'hôtel et rendre ma chambre. Puis je prends un taxi pour aller à l'adresse que l'on m'a donnée pour l'appart. Le trajet dure plus de vingt minutes : je suis bien loin du centre !

En fait, j'habite dans un attroupement de buildings tous les mêmes. J'arrive au rendez-vous une demi-heure à l'avance, mais la gentille dame qui est venu m'apporter la clé m'attend déjà. Elle monte, me montre tout, balaie, nettoie, et me dit de regarder la télé. C'est un peu gênant. L'appart est super grand et super classe, et je me retrouve toute seule pour me faire à manger et vivre pendant quinze jours comme si j'étais une vraie chinoise. Enfin, dans cinq jours, je prends l'avion pour Guiyang...

Bon, donc je suis sortie de mon appart super classe pour aller me chercher à manger. Dans la cuisine il y avait déjà une gousse  d'ail, donc j'ai acheté une pastèque et deux bouteilles d'eau, puis je suis allée au macdo du coin de la rue. Ca, c'est parce que je suis trop timide pour entrer seule dans un resto chinois, pour des raisons insondables. Au moment où j'ai poussé la porte, cinq serveuses m'ont crié en même temps "huanying huanying", moi j'ai rien compris parce qu'elles parlaient toutes à la fois, j'ai cru qu'elles voulaient dire que c'était fermé, puis je me suis rendu compte que non puisqu'elles avaient l'air accueillantes, et puis les macdos en Chine sont réputés pour être ouverts 24/7. Je me suis ensuite retrouvée entourée de quatre serveurs ne parlant que chinois, alors j'ai pris, dépitée, le menu du jour, qui s'est avéré ne pas être trop mauvais. Par contre, rien à voir avec un  chicken burger ou un truc du style : il s'agissait bien de poulet, mais grillé dans une sauce aigre-douce, et accompagné de chou chinois cru. Quand la balayeuse est venue chercher mon plateau vide avec déférence, j'ai vu les regards fascinés des serveuses et j'ai compris ce que j'étais dans ce quartier où on ne trouve que des Chinois : l'Européenne Superstar. Trop la classe.

Plus tard, j'ai pris quelques adresses de clubs de Go (j'ai eu du mal à en trouver sur internet alors si vous en avez je suis preneuse) et j'ai voulu y aller en taxi. Coup de bol, je suis tombée sur un très gentil chauffeur qui parle anglais et m'a expliqué que le métro serait cinquante fois moins cher ; il m'a détaillé mon itinéraire avec les directions et les stations et tout... Je me suis retrouvée à Nanjing Lu, mais cette fois dans une toute petite ruelle. Ca peut vous sembler bizarre mais je vous explique : ici, les petites ruelles ne portent pas toutes un nom suspect comme "passage de josquin-des-prés" ou "impasse des trois manitous", sinon, personnes ne s'y retrouverait, cette ville est quand même deux fois plus peuplée que la Belgique ; alors pour donner les adresses on donne d'abord le quartier, puis la rue (qui est en général une grande rue facile à trouver), puis le numéro de la ruelle (les ruelles sont numérotées comme les maisons), puis le numéro de la maison dans la ruelle, puis le numéro de la pièce ou de l'appartement. Comme ils n'utilisent pas de virgule même les chauffeurs de taxi sont parfois perplexes devant une adresse. Enfin, c'est comme ça que ça marchait pour celles que j'ai croisées pour le moment ; nulle doute qu'il existe aussi des "ruelles de l'ouvrier méritant" ou autres "chemins de la piété filiale". Par exemple, les clubs où je voulais aller portaient cette adresse :
1) ????591?4?, c'est-à-dire Ouest de la Route de Nanjing, ruelle 591, numéro 4
2) ??????809?415?, c'est-à-dire quartier de Jing'an, Route de Changde, numéro 809, salle 415.
C'est pas compliqué hein ? Mais bon, quand je suis arrivée à la première adresse, j'ai vu par la porte grande ouverte une vingtaine d'hommes qui suivaient un entraînement de kenjutsu. Il m'a fallu un certain temps pour réaliser que la porte à côté portait aussi le numéro 4, alors je suis allée voir, et c'était un magasins d'accessoires quelconques et de sodas. La porte suivante, qui portait aussi le numéro quatre, était un magasin pour les arts martiaux. La porte suivante était l'entrée d'une école de wushu. Et la dernière porte ouvrait sur une grande cour où deux concierges m'ont confirmé qu'il y avait des gens qui jouaient au Go à cet endroit, c'est-à-dire au numéro 4, à partir de lundi 8h30. Donc demain, je me lève tôt.

Bon, après j'ai essayé d'aller à l'autre bâtiment, mais tout le coin est en travaux et il n'y a pas de maison entre le 743 et le 957 donc tant pis pour moi. Pour me consoler, j'ai acheté trois carottes, un snickers, une petite bouteille de jus d'orange, et je suis rentrée dans mon quartier. J'ai envisagé sans envie le macdo qui a pas de salade, puis je me suis décidée à entrer dans un petit resto de nouilles. De nouveau, l'effet superstar : le chef a sorti son appareil photo pour immortaliser l'image d'une Européenne dans son restaurant. Je m'attendais vraiment pas à ça, surtout dans une ville aussi cosmopolite que Shanghai.

J'ai pris un plat au hasard et ça s'est avéré être un immense bol brûlant de bouillon où trempaient des nouilles très épaisses, trois fines tranches de viande de boeuf et quelques feuilles de chou de Shanghai. C'était bon, mais c'était brûlant, alors j'ai englouti une bouteille de minute maid chinois - une bouteille de plus... Comme l'eau du robinet n'est pas du tout digeste pour les Européens, je suis obligée de m'acheter tout le temps des bouteilles. Je n'aime pas du tout penser au poids écologique de ma soif. Et puis le coca chinois est vraiment pas bon... Les minunte maids sont pas mauvais, c'est une sorte de jus d'orange coupé à l'eau et très sucré, ça se laisse boire. On trouve aussi du sprite et des thés froids, mais j'aime pas trop ça. En définitive c'est l'eau qui se boit le mieux, l'eau c'est le mieux quand on a chaud, et ici il fait très chaud, d'ailleurs, je me ruine, une bonne partie de mon budget file dans les boissons.

Bon, donc je suis encore encore toute seule dans ce grand grand appart, et j'ai plus rien à faire. Demain matin, je me lève tôt, et je pars en immersion totale, probablement pour suivre des cours ou me faire massacrer par des petits Chinois. Globalement je suis assez fière de ma journée : j'ai bien parlé chinois, j'arrive même à me faire comprendre du premier coup la plupart du temps ; mais les Chinois sont obligés de répéter tout ce que je dis parce que je parle avec un accent de patate, c'est dommage parce que dans ma tête je connais les tons et la prononciation, mais mon stress embrouille tout et quand je réécoute mon message après je me dis que je ne suis qu'une mauvaise débutante. Mais bon, j'écoute la radio, je regarde la télé, bientôt je parlerai mieux chinois =)

Et puis si Shanghai me semblait plutôt effrayante et hostile, ça a changé au fur et à mesure de mes balades. De ma fenêtre certes je ne vois que des buildings dans toutes les directions, j'entends des bruits de travaux et de klaxons, mais il faut se faire une raison ; il y a une partie du monde qui vit dans les collines verdoyantes et ne croise que de blancs moutons ; il y a une autre partie du monde qui vit dans les bâtiments grisonnants et croisent des commerçants partout. Vivement quand même les vacances que je retourne à Guilin...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité