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Carnet de voyage d'une joueuse de Go belge en Chine
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9 août 2009

Xi'an, journal de bord : le 8 août

Aujourd'hui, journée shopping et détente : deux jolies demoiselles chinoises nous ont emmenés en centre-ville pour se balader entre les échoppes. Nous avons ensuite contourné la Tour de la Cloche et la Tour du Tambour : avant l'invention de la montre, pendant la matinée, la cloche sonnait toutes les deux heures pour indiquer l'heure à toute la ville, et l'après-midi, le tambour prenait la relève. Nous ne sommes pas montés dans les tours parce que même selon nos charmantes guides, il n'y a rien d'intéressant à voir. Derrière la Tour du Tambour se terre le quartier musulman. Les "immigrés" Musulmans n'ont pas du tout le même statut en Chine qu'en Europe. Ils arrivent depuis des siècles par la Route de la Soie et se sont installés petit à petit, acceptés ou tolérés selon les dynasties, mais bien intégrés dans tous les cas à la population locale. Un musulman chinois a bien peu de caractéristiques propres pour se distinguer d'un Chinois "standard". Les quartiers musulmans sont très animés ; sur la rue on est entourés d'échoppes et de marchands qui crient qu'ils nous offrent des supers réductions spéciales ; on trouve peu de différences avec les marchés chinois, à part que certaines femmes portent le voile et que la cuisine est différente. La mosquée, par contre, est un bâtiment qui vaut vraiment la peine d'être visité. Elle est d'autant plus fabuleuse que Xi'An est un des principaux centres de développement de l'Islam en Chine, grâce à son emplacement privilégié sur la Route de la Soie. Restaurée sous les Song, les Yuan, les Ming et les Qing, et régulièrement depuis la fondation de la RPC en vertu du statut de minorité nationale, la mosquée est graduellement devenue un complexe brillant d'architectures historiques. (ça se voit que c'est pas moi qui ai écrit ça ? En fait, c'est traduit du livret qu'on donne aux touristes). La mosquée est un grand rectangle entouré d'une enceinte, toute serrée dans les petits quartiers. Comme l'espace y est limité, on a une impression plus intimiste et charmante que dans les grands temples qu'on a visités jusqu'ici. Plusieurs cours se suivent, toutes entourées de petites salles (salle de prière, de purification rituelle, d'enseignement...), dirigées vers la grande salle de prière du fond. Les bâtiments sont tous typés de l'architecture chinoise, mais ne sont pas rangés dans une grande symétrie symbolique. Chaque cour a son harmonie propre. La mosquée est très fleurie ; on y voit pousser du lierre, des lilas (ou un arbre qui y ressemble, des fleurs roses qu'on voit beaucoup par ici), des rosiers, des glycines (qui doivent être superbes en fleurs), des bonzais, et dans les vasques d'ordinaire utilisées pour prévenir les incendies, de superbes lotus qui présentent chacun une ou deux fleurs régulières et délicates aux passants. Dans la dernière cour, on trouve même des cactus et des palmiers, et sur les colonnes de la grande salle de prière, des caractères chinois calligraphiés dans le  style arabe (ou des idéogrammes arabes, aucune idée). L'atmosphère de la mosquée, calme et reposante, intime et harmonieuse, fleurie et élégante, contraste avec le marché qui persiste malgré l'étroitesse des ruelles, les travaux poussiéreux (et les ouvriers qui font la sieste sous leur échaffaudage), l'abondance de pousse-pousse qui se bousculent et même les quelques voitures qui essaient de se faufiler entre les échoppes et les touristes. La spécialité de Xi'an en matière de souvenirs est le cerf-volant de papier (enfilade de losanges blancs garnis de rubans colorés). On les voit prendre leur envol tout autour de la Tour du Tambour, où des projecteurs illuminant le ciel les mettent en évidence dès la nuit tombée. Après avoir traîné toute la journée dans les rues, nous nous dirigeons vers un restaurant très renommé pour ses raviolis chinois. Le service y est exécrable (longue attente pour avoir une table, hygiène pas terrible, et au milieu du repas, une serveuse a cassé une bouteille de bière sur un touriste qui s'impatientait de ne pas avoir à manger) par manque de personnel et d'organisation ; dans les grandes villes, les serveurs et les serveuses ont tous l'air triste et stressé, ils savent qu'ils seront virés à la moindre incartade, et les clients eux-mêmes ne les ménagent pas ; il faut admettre que ça nuit un peu à la qualité du repas d'avoir des gens malheureux juste à côté de soi... Mais bon, les raviolis étaient exceptionnellement bons. Les raviolis chinois sont servis dans des plats de bambou ronds au fond tressé ; il s'agit de petits morceaux de nourriture raffinée entourés de pâte de manière plus ou moins élégante. Mais bon, ça vous le savez tous. Et vous vous doutez aussi que là où on était, c'était particulièrement élégant. Et même plus que ça : la manière dont la pâte était façonnée relevait de la véritable oeuvre d'art. Par exemple, les raviolis piquants au poulet étaient modelés en petits coqs à la crête colorée de paprika. Chaque tournée comptait quatre à six sortes de raviolis différents, et dès qu'on avait fini un plateau, la serveuse en apportait un autre avec d'autres saveurs ; quand on a déclaré forfait, elle a apporté un gros chauffe-plat en bronze et une soupe contenant quelques minuscules raviolis. On a attribué les bols, puis elle les a remplis, et selon le nombre de raviolis récoltés par chacun, les prédictions étaient plus ou moins bonnes. J'ai la grande joie de vous annoncer que j'aurai une vie "heureuse mais sans plus" (un ravioli).

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Commentaires
B
Je lisais le petit exposé sur la mosquée lorsque je me dis que tu le contais bien et que tu avais bonne souvenance de ce que tes guides t'expliquaient. J'ai ensuite lu la parenthèse et me suis rassuré.
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